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Petites anthologies / Choix de Poèmes
Poésie Première et les auteurs de ce dossier tiennent à remercier chaleureusement monsieur Ghassan Tuéni pour les avoir librement autorisé à reproduire les poèmes de Nadia Tuéni, sans restriction, sans contrainte ni contrôle. Fasse que leur travail contribue à la promotion et à la diffusion de cette oeuvre unique, et que la mémoire de Nadia à jamais en eux, porte leurs idéaux au firmament du ciel dOrient.
Exil
(extrait de Poèmes pour une histoire)
Et voici des pays que le vent découpe en couleurs : cette nature-vive est plus bleue qu'un soleil au zénith. J'entre dans la géographie des pierres, et d'un coup d'ongle je découvre la perfection du mal. Là où l'oeil aperçoit un autre oeil, dis-toi que le désert commence. La poitrine ouverte des montagnes est une cage à pluie. Soudain un sommet plus glorieux qu'un bûcher jaillit de l'océan.
Terre nouvelle et qui roule d'enfance en enfance et que nos doigts limitent d'un mouvement d'amour. Terre osseuse, amante dure, aux plages de folie, mais qu'un souffle parcourt de la tête à la vie, un souffle humide de toutes nos larmes.
Et voici des orages qui prennent forme de villes aux frontières doiseaux. Noire est douce musique sur nos vitres de jour. La mer est un souvenir de vieillesse. La lune nest quun temps perdu. Demain mon ciel au galop piétinera vos pensées, et sur leurs débris mous comme un matin, se lèvera lexil.
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(extrait de Poèmes pour une histoire)
Derrière un arbre le soleil est parti.
Cesse de fixer la lune et que ton ombre
comme un chien des sables te ramène vers moi.
La mort est rouge comme un feu de pastèques
et les fleurs sont aphones.
Jai crié, il faisait noir, je nai pas reconnu ma voix ;
je vous envie ô feuilles.
Quand tout a disparu.
Il ne reste plus rien que la pierre et lennui.
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O Somptueuse pourriture !
(extrait de Juin et les mécréants)
Peut-on retenir le désert de sen aller avec ton corps
nu comme une prière
O somptueuse pourriture
chaque jour est résurrection
avec la complicité de la terre
tous ceux que le soleil ne concerne pas
font un bruit liquide
les nuits
ici et ailleurs
ont un vol doiseaux dans les yeux
et je pleure le temps dune étoile
celui qui a volé ma mort
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(extrait de Les textes blonds)
Savoir cest hanter
quand partir cest naître
naître au différent, à dautres raisons,
et lenvers des roses
nest que leur substance chantée autrement !
vision dopaline
je tai reconnue pour tavoir figée !
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Hommes de mon pays
(extrait de Liban : 20 poèmes pour un amour)
Dans nos montagnes il y a des hommes,
ce sont des amis de la nuit ;
leurs yeux brillent du noir des chèvres,
leurs gestes raides comme la pluie.
Ils ont pour maître lolivier,
simple vieillard aux bras croisés.
Eux,
leurs mains sont des chardons,
leurs poitrines sanctuaires,
le ciel tourne autour de leurs fronts,
comme un insecte lourd à la chaude saison.
Dans nos montagnes il y a des hommes,
qui ressemblent au tonnerre,
et savent que le monde est gros comme une pomme.
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Folle terre (extrait)
(extrait de Archives sentimentales dune guerre au Liban)
III
En plein soleil,
avec le vent autour du cou
et fouets de pluie dans la bouche,
en plein soleil,
je regarde suinter les murs de ma mémoire.
Tu es celui, qui à trois pas,
ma tendu ses cheveux pour que je my accroche.
Fais-donc voler toutes ces balles
qui tuent ou ne tuent pas selon des règles de tendresse.
Lâche-moi à présent,
car je chavire de lautre côté de mon ventre
rouge du sang de tous.
Et je ris en plein soleil,
parce que la folie moissonne le paysage,
studieusement.
Même toi à trois pas mets un hiver sur ton visage
pour marracher mon souffle et
laccrocher à la frontièr dà côté.
Alors en plein soleil
je meurs dincohérence
en éclats.
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