François XAVIER


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EXTRAIT :

Il y a quelques années encore, je ne savais pratiquement rien sur l'un des plus grands industriels français. J'abordais donc le sujet avec un regard neuf. Louis Renault n'était alors pour moi qu'un nom, sans visage, sans passé.

Je rencontrai l'une de ses petites-filles, une jeune femme dont le regard pénétrant exprimait la passion, l'indignation et la souffrance. La voix étranglée par l'émotion, elle me raconta le calvaire vécu par son grand-père, l'indignité, la torture physique et morale, les coups, les insultes, l'infamie. Abolissant les frontières du temps et des générations, méprisant son propre confort, elle semblait souffrir ce que cette chair et cette âme avaient souffert soixante ans auparavant. Elle n'était pas assise en face de moi en cette période de Noël, mais se trouvait à Fresnes en ce terrible été 1944, maltraitée, humiliée, abandonnée, comme ce grand-père qu'elle n'avait jamais connu. Le ton n'était pas larmoyant : il exprimait un sentiment de désarroi et de profonde tristesse ponctué d'accès de colère.

Non. Cet aïeul, si proche, n'était pas un " collaborateur " ; il n'avait pas trahi. Elle le savait ; elle en était persuadée ; et cette certitude, pure, cristalline, n'était pas fondée sur une connaissance livresque, sur des faits, des chiffres et des tableaux ; elle était le fruit d'une sensibilité intuitive, d'une transmission affective, d'une vérité qui ne se raconte pas mais se ressent. Et, dans le concert de haine qui s'acharnait toujours à couvrir de son tumulte assourdissant la réalité des faits, elle était seule à défendre la mémoire et l'honneur de son grand-père. Combat inégal, presque désespéré ; fragilité d'une femme qui n'a pas de mobiles politiques, aucune relation bien placée, pas de revendication financière et dont la conduite n'est dictée que par la recherche de la vérité.

Après une telle entrevue, il me fallait en savoir davantage. Qui était donc cet homme dont la voix étouffée, brimée, continuait pourtant à vibrer avec tant de chaleur à travers l'une de ses descendantes ? Cette transmission était-elle le fruit d'un fantasme ? Le grand créateur avait-il même existé ailleurs que dans les rêves de la belle Hélène ?

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