Aurons-nous du soleil pour le week-end du 15 août ?
par Nathalie Laillet, citoyenne française, professeur de français en Palestine dans les territoires occupés (Bethléem et le camp de Deheishé) ; (actuellement en vacances en France)
Longny-au-Perche, le jeudi 8 août 2002 -
Retrouvez sa chronique.
Tout va bien en France.
Le principal sujet d'inquiétude c'est de savoir s'il va enfin se décider à faire beau au mois d'août... En Palestine, dans le camp de Deheishé à côté de Bethléem, il fait beau.
Très beau. Et même chaud. Je viens d'appeler mes amis là-bas.
Aujourd'hui, le couvre-feu était "ouvert", ils pouvaient donc se déplacer librement à l'intérieur de l'agglomération de Bethléem... de 9h à 18 heures. Après, il faut, sous peine de mort, être de retour à la maison.
Ce soir, comme hier soir, c'est l'effervescence dans le camp :
- "Ils vont faire exploser la maison de Hayat et celle de Mohammad !"
Hayat et Mohammad sont deux jeunes qui se sont fait exploser à Jérusalem. Afin de punir les familles, leurs maisons vont être détruites.
Quand on sait ce qu'est une maison dans un camp, on peut légitimement avoir peur : ici, la densité de population est proche de celle de Calcutta ; détruire une maison, ça veut dire détruire un quartier, toucher plusieurs familles...
La nuit dernière, trois maisons ont été détruites, à Bethléem.
Aujourd'hui, la maman de Hayat a essayé, avec l'aide des voisins, de prendre le maximum de choses, mais pour aller où ?
Je viens d'appeler Chadi, l'un de mes amis, qui habite près de la maison concernée :
- "Il faut que tout le monde sache, que le monde entier sache ! Ils vont encore détruire des maisons ! Il faut le dire à tout le monde !"
Je ne peux rien faire d'autre que relayer son appel au secours. Je me sens si impuissante...
Si parmi vous, des journalistes ont envie de réagir, d'en savoir plus, je suis à votre disposition pour vous mettre en contact avec eux, là-bas.
Depuis le 19 juin, le couvre-feu est réimposé en Cisjordanie. Bientôt deux mois.
Tout le monde s'en fout.
Aurons-nous du soleil pour le week-end du 15 août ?
[Nous avons joint Nathalie au téléphone ce dimanche 18 août 2002 et elle nous a indiqué que la situation de ces familles était inchangées. Ils ne dorment plus, et attendent avec angoisse une probable descente de l'armée israélienne
à suivre, ndlr]