François XAVIER


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Etre adolescent à Gaza

paroles et témoiganges de mes élèves
octobre 2002

Propos rapportés par Ziad Medoukh

L'occupation israélienne a bouleversé la vie des palestiniens, elle a influencé toute une société. Comment nos enfants et jeunes vivent-ils cette situation délicate, surtout dans le contexte particulier de la ville de Gaza,marqué par la deuxième Intifada et ses effets sur la population palestinienne ?
En tant que professeur de français à Gaza, j'ai demandé à mes élèves-des jeunes filles qui ont entre 14 et 16 ans-de raconter leur vie d'adolescentes à Gaza, cette ville qui affronte les traditions en plus de l'occupation.
Est-ce que la vie d'un jeune palestinien est normale ? Est-ce qu'un adolescent gazaoui peut sortir, et même pratiquer ses loisirs dans ce contexte ?
Je vous laisse avec les paroles et les témoignages de mes élèves sur leur vie comme adolescentes à Gaza.

Alaà Ankar : 15 ans
Je pense que parler de mon adolescence à Gaza est très difficile pour deux raisons : la première, que nous sommes occupés, et n'avons pas beaucoup de liberté pour faire ce que nous voulons,la deuxième, que les traditions jouent un rôle négatif chez nous. Moi, je rêve de liberté et de réussite, mais je sens que je n'ai pas de responsabilité pendant cette période d'adolescence.À mon avis, l'adolescence est très difficile dans mon pays,parce qu'on vit dans une société un peu traditionnelle, mais le fait de venir au collège et rencontrer mes copines me soulage, parce qu'on peut discuter et confier nos secrets, l'adolescence à Gaza veut dire l'enfermement, moi je voulais voir les paysages de la Cisjordanie, mais c'est impossible actuellement à cause de l'occupation, c'est rare que nous sentons notre vie à Gaza.

Dalia Abou Amr :16 ans
J'ai des copines qui me comprennent bien, mais il me manque beaucoup de choses ,comme faire du sport en liberté, voyager, aller se promener en Cisjordanie. Je suis sûre que toutes les filles du monde vivent une vie meilleure que nos filles palestiniennes, qui souffrent comme tous les Palestiniens de cette occupation qui a influencé notre société. Mes souhaits dans cette période d'âge sont : vivre en paix, avoir la liberté, la sécurité. Je pense que vivre à Gaza dans cette situation me rend adulte et responsable, même si j'ai 16 ans seulement.

Walaà Sukar : 15 ans
Je suis en train de vivre une période difficile, car j'ai quitté la période d'enfance, et je suis devenue un peu responsable, je rencontre beaucoup de problèmes et de difficultés avec mes parents,avec ma famille et dans mon entourage,quelques fois mes idées et mes comportements ne plaisent pas à ma mère et mes frères qui veulent que je reste toujours enfant,et cela me rend nerveuse et en colère.Je pense que l'Intifada a laissé des effets psychologiques sur notre société, puisque la pression sociale et économique est très grande sur notre famille. Je m'interesse à la lecture ,elle me rend heureuse et je peux vivre les aventures de mes héros. Àprès la mort de mon cousin tombé martyr pour la Palestine, j'ai passé la période d'adolescence pour être adulte, je suis devenue désespérée, mais j'essaie de me faire beaucoup d'amies et d'échanges, pour connaître d'autres expériences via internet et la correspondance.

Malak Abou Marsa : 15 ans
Ma vie comme jeune fille à Gaza est un peu différente,en France, les filles ont la liberté d'aller au cinéma, aux clubs, elles comptent sur elles-mêmes pour vivre une vie calme sans inquiétude. Chez nous, c'est difficile d'imaginer une vie sans peur, sans inquiétude, les bombardements israéliens contre ma ville, les informations sur l'Intifada, et le pouvoir de notre famille dans notre vie, tout cela a bouleversé notre vie comme adolescents à Gaza. Je cherche l'amour,la liberté et le bonheur qui ne peuvent être réalisés sauf si les Israéliens quittent notre terre,afin que nous puissions vivre une vie calme, en paix et en sécurité. Je pense que les filles palestiniennes sont plus sensibles, parce que nos garçons s'intéressent seulement à l'Intifada et à être martyr, mais nous les filles, nous essayons de garder l'espoir malgré la situation délicate au niveau social et économique vécue en Palestine. Dans beaucoup de cas, je m'enferme dans ma chambre, j'écoute de la musique, j'écris des poèmes pour essayer de ne pas penser à notre situation. Mon seul rêve dans cette période et de voir la Palestine libre et indépendante.

Rana Dabagh : 16 ans
L'adolescence est une période d'âge qui veut dire la liberté, l'amour et le succés, pendant cette période, les sentiments changent avec le changement de notre corps, on est triste, quelque fois on rit pour rien, on est rarement optimiste. Pour moi, comme adolescente, je ne vis pas une vie normale, je ne peux pas faire ce que je voudrais toujours faire : sortir, téléphoner à mes copines, avoir de nouveaux amis, heureusement que j'ai des copines auxquelles je peux confier mes secrets. Je parle avec ma mère de mes problèmes personnels, mais je sens que je suis seule, je déteste tout le monde et tout mon entourage, donc je reste dans ma chambre à pleurer. L'adolescence est très difficile, mais elle est une période belle.

Ghadir Mourad : 15 ans
Je suis adolescente, mais je ne vis pas mon adolescence comme les autres, parce que je suis palestinienne. Cette période de la vie est un peu bizarre, on rit pour rien, on est gai sans raison, quelquefois on tombe dans le désespoir, mais on reste heureux. Souvent, je trouve la vie belle, mais rapidement je la trouve sans importance, on est enfant, mais aussi adulte. Ma forte personnalité va m'aider à dépasser cette période d'âge très difficile, je suis contente d'avoir mes copines qui comptent sur moi pour les aider à résoudre leurs problèmes. J'espère un jour changer cette situation et réaliser mes désirs ,comme voyager en France, avoir des amis francophones, et parler en liberté de mes sentiments, mais surtout d'être entendue par les adultes et les parents, qui nous considèrent comme enfants
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Iman abou Kmil : 16 ans
L'adolescence pour moi, c'est la liberté, or nous sommes privés de cette liberté en Palestine. Je voudrais toujours faire beaucoup de choses, comme des voyages, des sorties, des échanges, mais dans une ville encerclée par des soldats et des colons, c'est très difficile de vivre une vie normale comme les autres. L'adolescence, pour moi, c'est la liberté, mais avec la censure des parents, il faut toujours avoir l'avis de nos parents qui ont beaucoup d'expériences dans leur vie, c'est la réussite, l'ouverture, mais surtout se préparer à une vie différente dans l'avenir. Je crois qu'il faut être optimiste dans la vie, surtout pour nous, les Palestiniens, nous avons perdu beaucoup de choses, mais nous gardons toujours l'espoir d'un lendemain meilleur, un lendemain marqué par la liberté et la paix pour nos enfants.