François XAVIER


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NOS PARTENAIRES À VIE SUR CETTE TERRE
par MOHAMMED DAHLAN


chef de la sécurité préventive de
l'Autorité Palestinienne dans la Bande de Gaza.

Je sais que la plupart des Palestiniens et des Israéliens sont épuisés et saturés de déclarations et d'interviews, qu'ils ne s'intéressent plus aux analyses et aux commentaires concernant la terrible réalité que nous vivons. Les deux opinions sont à la recherche d'un espoir perdu, parmi les morts et les décombres que le cycle de vengeances a laissés derrière lui.

Je n'ai pas l'intention de rappeler l'importance de la paix et de la sécurité, ni de discuter de la question de savoir qui est responsable de cette catastrophe. Ce qui m'a poussé à écrire, c'est le sentiment que, depuis quelques années, l'opinion israélienne a été trompée par ses dirigeants, de façon grossière et effrayante.

On peut illustrer cette tromperie par la façon exagérée dont ont été présentées les offres de l'ex Premier Ministre Ehud Barak aux Palestiniens, offres qualifiées de généreuses, ou par la représentation de l'opinion publique palestinienne, dans sa totalité, comme une société criminelle qui ne désire que verser le sang, assassiner des bébés et faire exploser des familles entières dans des salles de bal.

Ce qui fait peur, c'est que personne n'essaye de rechercher les causes de ces phénomènes inacceptables, et ainsi de chercher une manière de sauver ce qui reste d'espoir, au lieu de se cacher derrière des accusations. Je pense que la question de savoir qui est coupable ne signifie plus rien, ce qui est important, c'est de savoir comment nous nous sauverons nous-mêmes de cette spirale de violences.

La vérité, c'est que les politiciens israéliens ne s'intéressent pas au résultat ; leur préoccupation première est de prouver combien ils ont raison. Et lorsque le gouvernement des colons a pris le pouvoir en Israël, il a diffusé des slogans trompeurs, directement inspirés de la droite radicale, en finissant d'embrumer les esprits de la gauche, elle-même brisée et frustrée par l'échec de sa campagne en faveur de la paix. Cette même gauche essaie maintenant de se refaire une santé en blâmant le Président Arafat, et par là, croit avoir trouve la formule magique pour sortir de la crise politique dans laquelle elle se trouve.

Aujourd'hui, après seize mois d'affrontements sanglants, sans vainqueurs ni vaincus (car après tout, les seuls gagnants sont les extrémistes des deux bords), je ne crois pas qu'Ariel Sharon et Shaul Mofaz aient la solution magique qui apporterait la victoire et la sécurité. Ils ont réussi, en montrant un certain savoir-faire dans l'utilisation d'une politique fondée sur une mentalité de conquête et d'arrogance, à recruter des candidats à l'attentat-suicide parmi tous les groupes d'âge, toutes les catégories socio-économiques, et toutes les organisations possibles et imaginables.

Je ne pense pas qu'ils aient le courage d'admettre leur échec. Je ne pense pas non plus qu'ils fassent quelque effort que ce soit pour trouver des fissures d'espoir dans un mur de désespoir. Ce qui les anime, c'est l'instinct du pouvoir, et ils se drapent dans le slogan: il n'y a personne avec qui négocier. La vérité est qu'ils n'ont rien à négocier, d'un point de vue politique, Sharon ne pouvant offrir que ce que l'extrême droite accepte de donner. En un mot, il nous donnera quelque chose qui ressemblera à un état autonome, avec un nouveau modèle d'occupation relookée.

Sur le plan de la sécurité, ils ont inventé le modèle des assassinats, en visant les accusés, et ce faisant, en tuant en même temps des innocents. Le blocus est imposé à des innocents. Les terroristes, eux, n'y prêtent aucune attention (après tout, la plupart des attentats ont été commis alors que les blocus et les sièges étaient mis en œuvre). Les barrages routiers et les actes d'humiliation qui ont lieu tous les jours n'ont fait que paver le chemin des commandos suicides. Les masses palestiniennes n'ont pas toujours été une partie dans le conflit, elles ont toujours espéré une solution politique raisonnable, qui améliorerait leur sort et la vie de leurs enfants.

Chacun doit comprendre que les aspirations nationales d'un peuple ne peuvent pas être balayées par des avions F-16. Nous ne sommes pas opposés à Israël, ni à son peuple, mais nous sommes résolument contre l'occupation israélienne, et cela est notre droit. Nous avons le droit de vivre dans notre petit état, avec Jérusalem comme capitale, qui n'occupe que 22% de la Palestine historique, et nous avons le droit de réclamer une juste solution au problème des réfugiés, une solution qui n'altérerait pas le caractère démographique de l'état d'IsraËl.

Il n'y a nul besoin d'exagérer les exigences des Palestiniens, comme le font certains dirigeants appartenant aussi bien au milieu politique qu'à l'establishment militaire israéliens. Une telle exagération conduit quelqu'un comme le directeur du renseignement militaire israélien, Aharon Ze'evi, à s'adapter rapidement à la ligne politique de Sharon, et à dire du Président Arafat que même si Israël lui donnait un état sur la base des frontières de 1967, y compris Jérusalem et un accord sur le droit au retour des réfugiés, il ne signerait pas de traité de paix. Et je lui répondrai que ce ne sera pas la première fois que le renseignement militaire aura commis une erreur stratégique.

Nous avons un message clair au peuple israélien : nous voulons vivre dans notre état, sur la base des frontières du 4 juin 1967, à côté de l'état d'Israël et non à sa place ou à ses dépens. Nous désirons une solution juste et raisonnable au problème des réfugiés. Nous voulons une véritable stabilité, et vivre dans une atmosphère de paix et de sécurité totales. Nous voulons que vous viviez dans la sécurité, à côté de la nation palestinienne, sans peurs ni soucis. Nous voulons que vous soyez nos partenaires à vie sur cette terre.

Sharon et ses amis sont-ils prêts à cela ?
Y aura-t-il quelqu'un qui répondra à cette offre ?


Traduit par les soins de La Paix Maintenant
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