François XAVIER


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MAHMOUD DARWICH ET LA NOUVELLE ANDALOUSIE


François Xavier et son dernier livre, Mahmoud Darwich et la nouvelle Andalousie : la tolérance et le dialogue des cultures.

Les juifs, les chrétiens et les musulmans ne seront d’accord sur la question palestinienne que s’ils réalisent qu’ils possèdent une même culture et considèrent qu’ils partagent les mêmes valeurs.

Adorant l’Orient, François Xavier positionne son parcours littéraire entre plusieurs genres, à la fois poète, chercheur, conteur et éditeur. François Xavier a eu le prix Théophile Gautier de l’Académie française en 1999 pour son livre
De l'Orient à l'amour, préfacé par Salah Stétié, et il a également écrit avec Nelly Fakhoury pour une revue littéraire un dossier spécial sur Nadia Tuéni, puis quelques mois plus tard il composa un dossier spécial sur Salah Stétié qu’il considère comme son père spirituel.

François Xavier porte un regard différent sur la littérature, son approche est sous un angle jeune et dynamique, profond et riche, consacrant ses écrits sous la forme d’une prosodie humaine et noble qui résume le dialogue pour la paix, l’amour et le respect de l’autre ; par ce biais il donne une importance primordiale à la réalité des hommes et des femmes de Palestine. D’ailleurs l’un de ces poèmes, " L’enfant des pierres ", superbement calligraphié par Hassan Massoudy, rend hommage aux enfants martyrs de l’Intifada.

La collection que dirige François Xavier, Esquilles chez iDLivre à Paris, a réuni l’an passé L'identité pluriculturelle libanaise / Pour un véritable dialogue des cultures, de Bahjat E. Rizk et L’œil méditerranéen de l’Europe de Giovanni Dotoli. François Xavier était présent au dernier Salon du livre de Beyrouth en novembre, où il a présenté son livre sur Mahmoud Darwich qui nous fait découvrir un immense poète et un combattant pour la paix. Il faut savoir que François Xavier n’avait pas rencontré Darwich lorsqu’il écrivit son livre, ce n’est que le 3 décembre 2001 qu’il put enfin le voir et lui offrir son ouvrage. Il a trouvé en l’homme de lettres un être d’une grande sensibilité et d’un humanisme élevé, qui, comme Salah Stétié, s’investit pour rompre les frontières politiques et religieuses pour le bien de l’Homme.

Extraits de l’entretien :
- " il ne faut pas craindre l’autre et ne pas être en conflit avec l’autre mais nous nous devons de le reconnaître culturellement pour affirmer nos différences et s’en enrichir mutuellement "
- " on peut considérer l’Andalousie comme un symbole social et culturel de ce que pourrait être le modèle d’une société tolérante "
- " la religion et la divergence des idées ne doivent pas être une cause d’affrontements ni de guerre "

in
An-Nahar, Beyrouth, le 19 février 2002

Dès son avant-propos François Xavier revendique un rapport passionnel à l’espace méditerranéen, perçu comme un lieu privilégié de convergence culturelle. Déchiré par le vacarme des discours identitaires réducteurs il garderait pourtant, selon l’auteur, une rythmique propre, un mouvement : une musique.
De là ce portrait fraternel de Mahmoud Darwich.

François Xavier rend sensible la complexité quasi schizophrénique de l’homme et de l’œuvre : publiquement engagé pour la cause palestinienne (longtemps au sein de l’OLP), adversaire du sionisme et de l’islamisme, Darwich est aussi poète de la relation amoureuse, de l’intime et de l’universel.
Il veut être reconnu pour sa réussite littéraire et combattre les accords d’Oslo. Cette tension, peut-être créatrice, est à l’origine de bien des incompréhensions politiques et critiques, de confusions entre le "je" du poète et le "nous" palestinien.
L’étude s’attache à montrer l’affirmation du sujet individuel dans l’écriture, universel travail du poète conscient de son héritage culturel et de sa singularité : dialogue avec les formes traditionnelles de la poésie arabe utilisées et transformées, enracinements multiples y compris dans la culture palestinienne (cananéenne, juive, perse, grecque, romaine, chrétienne, islamique … ; orale et écrite).
Ce travail d’individuation est trop souvent méconnu des admirateurs mêmes du poète qui ne lui reconnaissent d’autre identité que collective, palestinienne.

François Xavier évoque aussi, avec une sympathie fougueuse, l’engagement anti-sioniste (pas anti-juif !) du poète.
Tout au long du livre, de nombreuses longues citations permettent d’entendre la voix du poète palestinien (palestinien mais aussi troyen, amérindien …).

La dernière page tournée, j’ai décidé de relire Darwich.

in
Poésie Première, Soisy, le 15 mars 2002